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[Tu parles pas Boulanger ?] Ces boulangers qui DECUVENT...


DECUVER...

Voilà encore un de ces mots farceurs, auquel les dictionnaires classiques attribuent 2 sens, et auquel les boulangers se font fort d’en attribuer un autre…

Décuver, au sens populaire, tout le monde sait ce que ça veut dire : c’est ce qui nous arrive quand au fil des heures, et après avoir trop bu, on sort progressivement de son état d’ébriété. En clair, c’est dessaouler. Justement, décuver est également un terme «officiel» chez les vignerons, pour qui c’est une étape du processus de fabrication du vin : le mot désigne l’action de retirer le raisin de la cuve après sa fermentation, pour séparer le vin du marc.

Mais « décuver » en boulangerie, c’est encore autre chose. Ce qui est très étonnant, c’est que les boulangers professionnels ou amateurs utilisent abondamment et naturellement ce mot, sans douter un instant de ce que cela veut dire. Pourtant, quand on cherche « décuver » dans le Dictionnaire Universel du Pain (lexique de référence, 1222 pages au compteur, où sont définis les termes les plus retors de type « hémicellulase fongique », comme les mots les plus simples comme « pain », « farine », « corbeille » ou même au hasard, « pain raté » (sic)), il n’y a aucune entrée au dico pour ce mot. Et pas davantage dans les 4 autres lexiques de livres de Boulangerie que j’ai à la maison, et pas non plus sur les sites didactiques spécialisés comme Technomitron, Boulangerienet, Clubpaneo et autres Lepetitboulanger.com … Il suffit pourtant de traîner 5 minutes sur ses groupes Facebook préférés de passionnés de boulange (ils se reconnaîtront :)), pour voir ce mot un peu partout, sans que personne jamais ne s’interroge sur son sens, super intuitif. Et même l’apprenti qui viendrait à son tout 1er jour de stage en boulangerie, entendrait sans doute ce mot 10 fois dans la journée sans avoir besoin de la moindre explication.

Bon bref, pour cesser de tourner autour du pot : décuver chez les boulangers, ce n’est donc pas dessaouler (ça doit leur arriver quand même, hein), mais c’est retirer le pâton de la cuve après le pétrissage, pour le « mettre en bac », et en un seul geste siouplé !, et proprement, à la corne nom de diou !, afin de le laisser... « pointer ». Au passage : j’espère que vous suivez assidûment ce blog, et que le mot « pointer » n’a aucun secret pour vous vu que vous avez bien entendu déjà lu notre post sur le mot « pointer ».

Pour la peine, même si ça n'a rien à voir, et parce que ça m’a fait rire et déconcertée, je vous copie colle la définition de « pain raté » dans le Dictionnaire Universel du Pain chez Laffont : lisez jusqu’au bout, la chute est inattendue ;)


« Au Moyen Age, la plupart des boulangeries n’étaient ouvertes que le matin. Tous les après-midis, il y avait un grand marché à Paris destiné aux pauvres, où les boulangers vendaient, à moindre prix, les pains invendus. Généralement, ceux-ci présentaient certaines anomalies de fabrication : mal cuits, brûlés, plats, etc. Les plus nombreux présentaient l’inconvénient d’avoir été rongés par les rats. On parlait ainsi de pains « ratés ». Par extension, ce mot qualifia l’ensemble des pains abîmés ou déformés. Puis le mot « raté » est rentré dans le langage populaire pour désigner une erreur, voire un échec, dans la fabrication d’un objet ou la réalisation d’un projet ; avant de devenir le verbe qui nous est familier aujourd’hui ».

Bonne journée et bonne boulange ;)

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